10 avril 2017

Niveau d'alerte élevé pour les volcans Dempo et Banda Api

Les deux édifices sont situés en Indonésie, mais aux deux extrémités du pays. Dempo est sur l'île de Sumatra tandis que Banda api se localise à l'est, dans les Moluques, non loin de la Papouasie occidentale: presque 3000 km d'écart, et le jour se lève environ 2 heures plus tôt sur le Banda Api.

Le points commun est que leur niveau d'alerte a été revu récemment (le 05 avril) à la hausse suite à des modification de leur activité.


Dempo, 3173 m

Le dernier bulletin du PVMBG, organisme en charge de la surveillance du volcanisme en Indonésie, explique sa décision de modifier le niveau d'alerte par la conjonction d'une évolution de la sismicité depuis le mois de mars et de l'apparition d'un panache de gaz, haut de quelques dizaines de mètres, alors qu'habituellement un tel panache n'est pas observé. On peut noter dans le registre sismique une hausse marquée  des secousses de type VA et VB, généralement considérées comme résultant de mouvement de magma, ainsi que des phases de trémor, généralement signe elles-aussi de mouvements de magma. C'est cette situation qui a provoqué le passage en alerte Waspada (niveau 2 d'une échelle à 4 crans). Cet édifice est décrit par le Global Volcanism Program comme l'un des plus actifs de Sumatra bien que son activité récente se résume essentiellement à des crises sismiques et des explosions phréatiques ou hydrothermales. La dernière éruption magmatique répertoriée s'est produite en 1974.

Evolution de la sismicité du volcan Dempo depuis fin 2016. Image


Le risque principal avec cet édifice est celui de lahar, en raison de la présence d'un lac acide dans le cratère sommital. Une activité explosive peut en effet projeter hors du cratère tout ou partie de cette masse d'eau, qui se mélangera immanquablement aux dépôts de cendres qui recouvrent l'édifice. Le flanc nord est à priori le plus exposé, du fait de la topographie: une importante vallée ouvre en effet ce flanc, et est à même de canaliser un tel écoulement boueux jusqu'au village situés au bas de ce versant.
La possibilité d'écoulements pyroclastiques en cas d'activité explosive intense n'est pas non plus à mésestimer: de tels écoulements pourraient alors emprunter le même chemin que les lahars.

Le lac sommital et, juste dernière, l'importante vallée ouverte au nord-ouest. Image: Ruska Hadian, 1989, via GVP

La situation n'est pas critique pour le moment, et n'a pour l'heure nécessité aucune évacuation particulière. Toutefois il est clair qu'elle est surveillée car son évolution à court-moyen terme n'est pas prévisible, évidemment.

Source: PVMBG

Banda Api, 641 m

Concernant ce volcan bien plus éloigné de nous, et une peu moins facile d'accès, lui aussi montre des paramètres géophysiques en évolution. En particulier depuis fin février-début mars, moment où la sismicité à commencé à montrer une nette tendance à la hausse. Cette dernière s'est visiblement encore accentuée suite à une secousse qui s'est produite le 04 avril et a atteint un niveau suffisamment inquiétant pour que le niveau d'alerte soit élevé à Waspada (cf plus haut). Pour les volcanologues il semble que cette sismicité soit due essentiellement à de la fracturation, mais ils n'excluent pas qu'elle-même puisse être le résultat de mouvements de magma.  La majeure partie des secousses se localise pour le moment en profondeur (peu de sismicité superficielle) et dans le registre sismique il n'y en que a peu dans les basse fréquence, générées par les mouvements de fluides et/ou de magma.
Plusieurs secousses ont été ressenties par la population de l'île.

Le registre sismique depuis le 1er janvier. On note une hausse à partir de février (plus de secousses). Les couleurs représentes les différentes types de secousses: Basse fréquence; secousses volcaniques profondes, secousses volcaniques superficielles; secousses tectoniques locales; secousses ressenties; secousses tectoniques régionales

C'est aussi la comparaison avec l'activité sismique précurseur de l'impressionnante éruption de mai 1988 qui a incité à élever le niveau d'alerte car il semble, d'après le PVMBG, qu'il y ait des similitudes. A l'époque, après une période de sismicité, une activité éruptive avait débuté sur l'île le 09 mai à 16h30 du matin. Elle avait commencé avec une activité explosive relativement intense, se produisant sur une importante fracture qui avait littéralement coupé l'île en deux, du nord au sud. 

Une situation spectaculaire: l'île est ouverte en deux par une fracture Nord-Sud d'où s'échappent les panaches de cendres et des coulées de lave (lueur à gauche et à droite). Image: Tom Casadevall/USGS,  1988, via GVP

De cette fracture, outre des panaches de cendres, des coulées d'une lave relativement visqueuse se sont échappée, détruisant, pour celle du flanc nord, le village de Batu Angus, aujourd'hui disparu.

Coulée de lave sur le versant nord: le village de Batu Angus disparait sous la roche en fusion. Image: Tom Casadevall/USGS, 1988, via GVP

Il se trouve par ailleurs que de précédentes éruptions s'étaient déroulée de manière similaire, raison pour laquelle la situation est maintenant suivie de près. Le passage en alerte 2 est suivi de recommandations de la parti du PVMBG, en particulier celle de ne pas s'approcher à moins d'un kilomètre du somme. Or l'île fait seulement 3 km de diamètre et la mise en place de cette zone interdite provoque la demande de déplacement de tous les résidents qui s'y trouvent, soit environ 600 personnes sur les quelques 1000 résidents qui occupent l'île. Les autorités ont aussi indiqué qu'ils mettront l'accent sur l'information des population, avec un rappel des geste à suivre en cas d’éruption. Il leur est demandé de se préparer à une possible évacuation, qui ne sera déclenchée que si une activité éruptive se manifeste. Le bulletin du PVMBG précise que le fait qu'une éruption se déclenche n'est pas du tout certain pour le moment et aucune évacuation de l'île n'est en cours. Seules les personnes situées en zone de très haut danger doivent se rapprocher des côtes, au cas où.

Sources:  PVMBG; GVP;

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