11 décembre 2013

Un point sur la situation du Sinabung et de ses réfugiés

Je profite d'un peu de temps disponible pour faire un point sur la situation au Sinabung.
Depuis mon précédent post, le 28 novembre dernier, la situation n'a pas vraiment changé autour de ce volcan.
Concernant l'activité, elle est restée globalement intense. Depuis le 24 novembre, le volcan a émis presque quotidiennement d'importantes quantités de cendres, continuant ainsi de perturber les activités dans les villes et villages alentours. Un changement toutefois: ces émissions de cendres, plus régulières, ne se font plus vraiment sous la forme d'explosions violentes, même si des cendres sont parfois encore rapportées à haute altitude (11 km avant-hier selon le VAAC de Darwin). Les dernières de ce genre sont celles qui ont secoué le volcan fin novembre et provoqué le passage de tous les niveaux d'alerte au rouge. Depuis, l'activité semble se faire "à conduit ouvert", c'est-à-dire avec moins de blocages dans les conduits d'alimentation (cheminée), donc moins de surpression, donc moins d'explosions violentes.

Cela pourrait peut-être s'expliquer, au moins en partie, par l'ouverture successive de plusieurs évent éruptifs depuis le début de cette crise, en septembre dernier.
A l'époque, le seul évent actif ("évent 1" dans la suite du post), un petit cratère parfaitement circulaire, se trouvait sur le rebord sud du sommet, au pied d'un éperon rocheux. 

L'évent 1 du Sinabung. Image: VSI
Cette situation a duré commencé à évoluer avec l'ouverture, le 18 novembre, d'un second évent ("évent 2") au cours d'un explosion particulièrement puissante de l'évent 1. Ce dernier a toutefois continué de fonctionner de manière sporadique, au moins jusqu'au 29 novembre.

Ouverture de l'évent 2, sur l'image de gauche et son fonctionnement. Sur l'image de droite, l'évent 1 toujours actif le 29 novembre. Images: VSI.

Puis, à priori le 02 décembre (peut-être le 01 mais le sommet était bouché par les nuages ce jour-là), un troisième évent (je vous laisse deviner son nom) s'est ouvert entre les deux précédents. Depuis lors c'est lui qui reste le siège de l'activité éruptive. L'évent 1 reste une zone de puissant dégazage.

Mise en route de l'évent n°3, début décembre 2013. Images : VSI.

Cette ouverture de plusieurs évents permet un dégazage plus abondant qui peut limiter la surpression, donc la mise en place d'explosions violentes. L'autre danger, ce sont les lahars qui se forment lors des pluies importantes qui gorgent les dépôts de cendres et les transforment en coulées de boue parfois destructrices. Le pays entre en effet en saison des pluie et certains lahars ont déjà été rapportés le 01 décembre.
Les signaux géophysiques tels que les mesures de la sismicité et de la déformation n'étant pas disponibles en ligne il est difficile de connaitre la tendance que prend cette situation éruptive: va-t-elle vers le plus calme ou reste-t-elle stable ou en hausse? Les seuls élements de réponse sont indirects: les niveaux d'alertes sont toujours au rouge pour le moment.

Le gouvernement vient d'ailleurs de reconduire par décret cette alerte maximale au 21 décembre, impliquant un maintient en situation d'évacuation les plus de 17000 réfugiés (les chiffres varient entre 17105 et 17321, soit en 5557 et 5836 familles)  répertoriés à ce jour.
Ils sont dispersés dans 31 zones-refuges et, pour les aider, un festival de musique a été donné le 08 décembre à Jakarta, la capitale indonésienne. 35 groupes de musique s'y sont succédés pour récolter des dons versés directement aux organismes en charge de l'aide aux réfugiés sur place.
Car pour eux la situation reste très difficile: le LEARN (Local Emergency Assessment Response Network) indique que des besoins urgents se font sentir en eau, nourriture mais aussi en sanitaires mobiles.

Bref: la situation ne semble pas se dégrader, mais elle ne s'améliore pas vraiment non plus.

Sources: presse indonésienne; LEARN; VSI.

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